Cet article entre dans la série "Women in Science" mettant en avant les parcours de femmes au sein de l'École polytechnique.
Sophie Ramananarivo est Assistante Professeure à l’École polytechnique et travaille au sein du laboratoire LadHyx. Ancienne étudiante de l’École Normale Supérieure à Paris (ENS), elle a poursuivi ses études en faisant une thèse à l’École Supérieure de Physique et de Chimie Industrielles de Paris (ESPCI). Elle a également effectué deux post doctorats à New York et à San Diego. Sophie Ramananarivo nous a donné son point de vue en tant que femme évoluant dans le domaine de la recherche scientifique.
Pour quelles raisons pensez-vous que les femmes sont sous-représentées dans les sciences ?
Je pense que l’origine de sous-représentation des femmes dans le milieu scientifique remonte très en amont, dès le lycée ou même avant. Mais au-delà de ce constat, je pense que cette situation est liée à la représentation. Le fait de voir peu de femmes dans un type de profession fait qu’il est en effet difficile pour les jeunes femmes de s’y projeter. En discutant avec des étudiantes ou même en échangeant avec des personnes qui viennent me rencontrer au sein du laboratoire, j’ai très souvent beaucoup de remarques positives sur le fait de voir des femmes scientifiques. Il est donc essentiel de travailler sur la visibilité des femmes dans ce domaine.
Quels sont les principaux challenges auxquels elles doivent faire face ?
Le premier challenge auquel je pense est le fait de concilier vie personnelle et professionnelle. Mais je pense qu’en France nous sommes tout de même privilégiés à ce niveau.
L’une des grandes différences entre les hommes et les femmes aujourd’hui est l’auto-censure. Les femmes ont davantage tendance à se dévaloriser à l’inverse des hommes. Par exemple, à la lecture d’une offre de poste, les femmes vont en général plus facilement se concentrer sur les compétences qu’elles n’ont peut-être pas et vont, par conséquent, se sentir moins légitimes pour postuler.
Quels seraient selon vous les moyens à mettre en œuvre afin d’améliorer cette situation ?
Comme je l’ai mentionné précédemment, il est impératif d’améliorer la visibilité des femmes scientifiques. Je constate actuellement une évolution positive concernant la présence des femmes dans le milieu. Il y a une nouvelle génération de femmes très compétentes dans la recherche et qui sont passionnées.
Je note également de vrais efforts pour améliorer la parité dans le milieu scientifique. Il y a des bourses pour les femmes uniquement ou pour celles ayant eu des enfants par exemple.
Par ailleurs, indépendamment du fait d’être une femme ou un homme, je pense qu’il est très important d’avoir des mentors dans son parcours, des personnes pour nous soutenir dans les choix qui sont faits, nous corriger pendant des périodes de doute et nous aider à nous projeter.
Comment l’École polytechnique soutient-elle le travail des femmes ?
Lorsqu’un poste est annoncé en recherche, il est maintenant souvent indiqué que les candidatures féminines sont fortement encouragées. Et l’X encourage le recrutement des femmes en ce sens.
Il y a également un vrai travail qui est fait concernant la représentation des femmes au sein de l’X: le site internet de l’école met en avant les femmes dans ses programmes et les brochures contiennent de nombreuses photos d’étudiantes. C’est par ce type d’actions que l’on améliore la situation.
En ce qui me concerne, je pense que l’environnement de la recherche au sein de l’École polytechnique est bienveillant. Tout est réuni afin que la carrière d’une jeune chercheuse se passe au mieux.
Avez-vous un modèle de femme (scientifique ou d'un autre domaine) qui vous a inspiré/vous inspire ?
Je n’ai pas un modèle en particulier mais il y a de nombreuses personnes pour qui j’ai beaucoup de respect et dont j’admire l’audace, que ce soit des hommes ou des femmes d’ailleurs. Mes directeurs de thèse, des collègues de travail en font partie. C’est très inspirant de voir des gens passionnés par ce qu’ils font.