Pourriez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Kayo Yin, je suis française avec des origines japonaises et chinoises. Je suis diplômée du Bachelor of Science en Mathématiques et Informatique à l’X. Actuellement je fais un Master en Language Technologies à l’Université de Carnegie Mellon (CMU), à Pittsburgh aux Etats-Unis. Je travaille également là-bas en tant qu’assistante de recherche à NeuLab.
Pourriez-vous nous en dire plus sur vos études actuelles ?
Mon Master est orienté recherche, ce qui signifie que le programme est davantage basé sur la recherche que sur des cours en classe. Cela ressemble vraiment aux premières années d’un doctorat. Mon domaine de recherche est le Traitement Automatique des Langues (TALN), qui est à l’intersection de l’intelligence artificielle et la linguistique. Pour l’expliquer simplement, nous étudions la manière dont les ordinateurs ont la capacité de comprendre les langues humaines et d’interagir avec.
Etant donné que nous communiquons essentiellement avec le langage, je pense que le TALN est très important pour faire en sorte que la technologie soit développée à son maximum et puisse profiter au plus grand nombre.
Plus précisément, je fais de la recherche avec mon responsable, Graham Neubig et notre objectif est de créer un système de traduction automatique qui pourrait aider les personnes parlant des langues différentes et intelligibles à avoir une conversation. C’est à la fois très exigeant et stimulant, étant donné que les éléments dans une conversation ne sont pas toujours explicites et qu’ils dépendent du contexte, alors que les modèles de traduction actuels ne sont pas performants à ce niveau.
Mon département, le Language Technologies Institute (LTI), est l’un des pionniers, des plus importants et des plus connus institut dans mon domaine. Il fait partie de la Carnegie Mellon School of Computer Science, classée continuellement comme la meilleure institution en informatique dans le monde. C’est réellement très valorisant, inspirant d’être entourée par des professeurs et étudiants aussi brillants !
Quelles ont été vos motivations pour choisir ce programme ?
J’ai beaucoup hésité avec deux offres que j’avais reçues de Stanford et de Berkeley. Au final, ce qui m’a poussé à choisir CMU a été les opportunités exceptionnelles dans le domaine de la recherche que le programme offre. L’environnement ici est vraiment unique : nous avons un département entier dédié aux technologies du langage, avec 33 professeurs qui sont tous des experts et des leaders dans leur domaine respectif, recouvrant l’ensemble du TALN. Je suis très chanceuse de travailler à leurs côtés et d’apprendre auprès de chercheurs qui n’hésitent pas à repousser les limites, à étendre les possibilités et à définir le futur des technologies du langage.
Quelles compétences acquises au sein du Bachelor of Science avez-vous pu mettre en application dans ce programme à CMU ?
Je pense tout d’abord à la ténacité. Le Bachelor of Science est un programme très exigeant et intense, c’était la première fois de ma vie que je travaillais autant. Cela m’a appris que je pouvais accomplir des choses au-delà de mes espérances. Et même quand mes résultats n’atteignaient pas mes attentes, tant que je restais motivée pour donner le maximum de moi-même, cela pouvait mener à un succès inespéré et à une leçon très instructive. Je suis arrivée à mon domaine de recherche actuel, non pas parce que c’était facile mais parce que c’était difficile.
De plus, la Bachelor thesis m’a ouvert des portes au-delà de mes attentes. En dehors de l’expérience elle-même qui m’a appris à mener un travail de recherche et à partager mes résultats, j’ai pu énormément profiter de la visibilité dont a bénéficié mon travail. Ma thèse a remporté le Global Undergraduate Awards in Computer Science, me donnant l’opportunité de rejoindre un réseau d’experts très talentueux dans de nombreux domaines et d’attirer l’attention de plusieurs employeurs potentiels.
J’ai publié des articles lors de deux prestigieuses conférences, où j’ai pu échanger avec des chercheurs de haut niveau en computer vision et TALN. Récemment, j’ai même soumis un article en lien avec mon travail effectué lors de la thèse à un chercheur que j’ai rencontré à cette conférence !
Lorsque vous avez intégré le Bachelor of Science, saviez-vous déjà ce que vous souhaitiez faire par la suite ?
Je n’avais aucune idée ce que je souhaitais faire une fois diplômée, et je n’aurais jamais pu imaginer que je me trouverais là où je suis actuellement ! Lorsque j’ai intégré le programme Bachelor, je comptais choisir la double-majeure en Maths et Physique, puis étudier l’astrophysique et percer les mystères de l’univers. Au final, j’ai été passionnée par la programmation durant ma première année, et j’ai été dirigée vers le domaine tout aussi mystérieux et passionnant du fonctionnement des ordinateurs et des modes de langage.
Quels souvenirs gardez-vous de votre temps passé à l’X et au sein du programme Bachelor ?
Dernièrement, en raison de la pandémie, je n’ai pas été en mesure de faire de la musique avec d’autres personnes. Alors je me souviens avec nostalgie du temps passé avec l’orchestre, la chorale et la fanfare de l’X. Je suis reconnaissante d’avoir pu rencontrer tant de personnes si formidables grâce à la musique, et avec qui j’ai passé des moments incroyables en jouant des chefs-d’œuvre du répertoire classique, en chantant à des endroits inattendus comme à l’Opéra Garnier et en expliquant à la sécurité du campus la raison pour laquelle notre groupe faisait un arrangement des cuivres très vigoureux de l’hymne de l’Ecole à 2 heures du matin !
Quelles sont vos ambitions pour l’avenir ?
Sur du court terme, je prévois de postuler pour un doctorat en TALN l’année prochaine. Mon année de Master actuelle m’a fait réaliser à quel point je suis heureuse quand je fais de la recherche, et également tout ce qu’il me reste encore à apprendre. Je pense qu’une thèse m’apportera beaucoup, en termes d’expérience dans la vie, en me permettant de me consacrer à une question de recherche encore non résolue, en repoussant les limites de ma rigueur et de ma créativité mais aussi en élargissant mes capacités et opportunités pour l’avenir.
Sur le long terme, mon projet est d’étendre l’accès à la technologie en rendant l’interaction avec les ordinateurs aussi simple que d’échanger avec des individus dans sa langue maternelle, et de briser les barrières liées au langage. Je suis vraiment chanceuse d’avoir évolué dans un environnement international et d’avoir été en contact avec des cultures différentes au long de mes voyages en parlant 5 langues. Cela m’a poussé à penser qu’en améliorant la communication entre les différentes communautés, en comprenant les expériences et points de vue des différentes cultures, le monde peut être un endroit davantage bienveillant.
Un conseil pour les étudiants actuellement dans le Bachelor of Science concernant leur choix d’études une fois diplômés ?
La vie est pleine de surprises, donc gardez un esprit ouvert et ne perdez pas de vue ce qui fait sens pour vous !