Le module inédit de l’Executive Master à Institut Supérieur de l'Aéronautique et de l'Espace (ISAE-SUPAERO) à Toulouse, a été un point marquant dans le cursus de la promotion 2020, mais aussi une source d’inspiration pour le SOTA Report de Fabrice Moriaux, Director Field Operations chez Fiducial US. Fabrice nous invite à découvrir et à partir vers « Le Voyage Habité vers Mars ».

1. Fabrice, tu travailles dans la Finance chez Fiducial, pourquoi as-tu choisi "Le Voyage Habité vers Mars" comme sujet de ton SOTA Report ?

Il est vrai que finance ne rime pas toujours avec fantaisie ou tête dans les étoiles. Les comptables ou financiers sont le plus souvent des personnalités très analytiques et rationnelles, ce qui est parfois loin de l’astronomie ou des sciences de l’espace.

Pour ma part, j’ai, étant enfant, développé un intérêt pour l’étude des planètes et de l’espace, qui s’est poursuivi après par un goût très prononcé pour les voyages et l’aéronautique. L’idée de faire un SOTA sur Mars m’est venue au cours de la session de l’Executive Master en avril à Supaero Toulouse. Lors de la session passionnante animée par Sylvestre Maurice, impliqué dans le pilotage du projet Persévérance, j’ai appris l’importance du projet qui avait notamment pour ambition d’envoyer des humains vers Mars. Cette idée qui progresse pourrait bel et bien devenir une réalité dans les dix ans à venir. Quand on connaît le retentissement qu’a eu le premier pas de l’Homme sur la Lune en juillet 1969, on peut imaginer la performance d’envoyer les premiers humains sur Mars à une distance bien supérieure et avec des défis humains et techniques très supérieurs. Cette session nous a aussi appris que la planète Mars ressemblait à la Terre il y a plusieurs millions d’années et que nos deux planètes avaient eu beaucoup de similarités (impact du réchauffement climatique). D’ici à conclure qu’il a existé une trace de présence humaine passée sur Mars …on comprend vite l’intérêt du sujet.

Ce sujet passionne tellement qu’il existe même une association « La Mars society » créée en 1998 par Robert Zubrin et réunissant experts et amateurs. J’ai donc cherché à en savoir plus en investiguant où l’humanité en était dans sa quête de la planète rouge et dans quelle mesure ce rêve pouvait devenir réalité. J’ai même eu la chance d’organiser une conférence-call avec 2 ingénieurs de la NASA pour valider l’état de mes connaissances sur le sujet.

 2. Comment l'avènement du NewSpace, notamment avec SpaceX, pourrait accélérer un voyage habité vers Mars ?

Les projets spatiaux mobilisent des investissements colossaux pour les pays. Avec une exploration approfondie de la Lune, puis de Mars, les États et notamment les USA ont recherché les moyens de sous-traiter une partie de leur projet à des sociétés privées. Un des intérêts est bien sûr la réduction des coûts grâce notamment à leur capacité à innover mais aussi l’agilité forte de ces sociétés se traduisant par des délais de production/réalisation permettant de faire gagner un temps précieux à tous ces projets spatiaux (ex : les fusées réutilisables de Space X). Pour être complet, il faut aussi remarquer que le pragmatisme de ces acteurs privés permet d’éviter ou tout du moins de limiter les lourdeurs causées par la gestion internationale de projets impliquant différents pays/cultures comme c’est le cas pour les projets lunaires. Pour synthétiser, le NewSpace permet donc d’aller plus vite, de relever des défis techniques majeurs avec une meileure maitrise des coûts et des délais raccourcis.

3. Quelles sont la place et les perspectives de la France, et plus largement de l’Europe, dans l'exploration de Mars ? 

Les pays européens ont très vite compris que pour peser et réaliser des projets d’envergure, il fallait qu’ils s’unissent autour d’une organisation coordinatrice : l’ESA était née (budget annuel : 6.5 milliards d’euros). La France a un savoir-faire certain dans de nombreux domaines. Elle équipe par exemple le rover persévérance d’une Supercam pour analyser les roches et les sons. Mais d’autres pays tels que l’Italie ont aussi développé des expertises dans le domaine spatial. Un des principaux handicaps de l’Europe demeure son manque d’investissement dans de tels projets associés à un écosystème moins propice au développement du NewSpace (pas d’équivalent de SpaceX en Europe).

Face à ce constat, l’Europe reste un acteur important de l’exploration spatial et s’est associé aux USA, Canada et au Japon pour développer un projet de base lunaire dans le cadre du projet Artemis. Il est prévu qu’une fusée SpaceX se pose sur la Lune en 2024 pour construire une base lunaire d’envergure. Cette étape est un préalable à une future mission vers Mars. Le coût de ce projet s’élève à 26 milliards d’euros. On voit bien que de tels projets, véritables défis techniques et financiers, nécessitent une collaboration internationale impliquant notamment la France. On espère même que le premier homme à marcher sur la Lune sera français : Thomas Pesquet s’est déjà positionné en attendant bien sûr la confirmation de notre polytechnicien, collègue et futur astronaute Nicolas Bel !!!

4. Ta promotion s’est rendue à l’ISAE à Toulouse pour un module autour de l’aéronautique et de l'aérospatiale, comment as-tu vécu cette expérience et quels enseignements as-tu pu en tirer ? 

Seul le passionnant module à Toulouse m’a permis de me consoler de ne pas voir Singapour. Nouveauté du programme en 2021, cette session revêtait un enjeu tout particulier pour l’équipe de l’Executive Master : défi relevé avec succès et mention très bien !

Nous avons pu aborder tous les aspects essentiels de l’aéronautique et de l’espace, dans un cadre propice. Le NewSpace, les drones, l’exploration martienne, l’étude physiologique, le tout illustrés par des visites/ateliers divers qui ont rendu cette semaine enrichissante et passionnante.

J’y ai bien sûr choisi mon sujet de SOTA mais également mis à jour mes connaissances dans le NewSpace. Depuis, je m’intéresse à l’évolution de ce secteur en ayant une connaissance plus précise de cet environnement et de ses acteurs.

Je suis certain que les promotions futures se passionneront pour ces domaines et qui sait, des vocations pourraient naître !

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Fabrice Moriaux