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Sea4earth

Comment avez-vous eu l’idée du projet Sea⁴Earth ?
L'idée a pris forme et s'est matérialisée avec l'Executive Master.
Nicolas Durand (E2020) a été le porteur de l'idée visant à développer la culture et l'usage en circuit court des macro-algues dans notre quotidien. C'est au travers de ces divers expériences professionnelles et par son réseau que cette idée a pris forme. Ingénieur en agronomie de l'ESA ayant travaillé de nombreuses années pour la grande distribution en Asie puis au sein de Bureau Veritas sur des sujets de filière qualité et de sécurité alimentaire, il a toujours gardé un contact avec le secteur de l’agro-alimentaire.
Lors de cette formation, l'équipe projet s'est constituée avec Julie Payet (E2020), experte marketing pour les produits de l'alimentation humaine et animale, Arnaud Pichard (E2020), expert dans le secteur industriel et Régis Lefevre (E2020), ancien officier de Marine, qui a gardé le goût du sel.
Nous nous sommes orienté vers le secteur de l'alimentation humaine car il nous a semblé être le plus prometteur. S'il n'a pas été immédiatement suivi d'effet entrepreneurial, Nicolas continuait ses investigations notamment en Asie. Ce n'est que quelques mois plus tard, en échangeant avec d'autres personnes diplômées que l'idée de mettre en place une "start-up" a fait son chemin. 

Au cours de ces dernières années, quelles ont été les évolutions technologiques dans le domaine de l’algoculture ?
Une des spécificités de ce secteur réside dans l'écart historique et culturel entre la connaissance accumulée en Asie et le caractère embryonnaire "réservé à quelques-uns" du savoir-faire européen et français (bien que reconnu mondialement).

Ce végétal représente par ailleurs un atout face aux enjeux alimentaires et donc climatiques. Les eaux côtières européennes et françaises comptent une grande richesse variétale d'algues encore inexploitée.
À ce jour, la connaissance des algues pour leur exploitation à plus grande échelle est l'apanage de l'Asie qui est confrontée à des problématiques de réchauffement des eaux, de limite des espaces cultivables et à une monoculture intensive autour de quelques espèces phares dont le Nori, que vous retrouvez dans les restaurants à sushis.
L'enjeu principal est de donc d’apprendre et de s’inspirer du savoir-faire asiatique pour développer en Europe et en France la culture et l’industrialisation de la transformation des espèces endémiques de macro-algues déjà cultivables ou présentant un intérêt à la culture.
Si la connaissance des algues d'un point de vue des espèces et de leur qualité s'est poursuivie au fil du temps, il faut maintenant développer les moyens de les cultiver à plus grande échelle (en mer ou à terre). Il faut également savoir les transformer selon des procédés innovants, moins dépendants des cibles de culture et d'inventer des produits qui profitent pleinement des qualités nutritives des algues tout en répondant aux habitudes culinaires occidentales.
Notre ambition est donc de développer les compétences adéquates pour maîtriser l'ensemble de la chaine de valeur à grande échelle et ne plus dépendre de produits très ciblés ou importés.
 
Quels enseignements et pistes de réflexion avez-vous pu tirer de l’exercice du Team Project ? Plus largement, de l’Executive Master ?
Le Team Project représente une énorme opportunité de développer le savoir-faire et savoir-être nécessaire à la mise en œuvre d'une démarche entrepreneuriale.
Le programme nous a accompagné dans la démarche avec des étapes clés, progressives et séquencées de manière logique. Nous avons bénéficié d'un vrai guide méthodologique pour éviter de brûler les étapes et atteindre l'objectif fixé.
Enfin, c'est une vraie aventure humaine car nous sommes tous expérimentés et avons eu à manager des collaborateurs. Nous nous sommes appuyés sur la complémentarité d'une équipe avec des profils et des expériences différentes. Nous avons dû apprendre à équilibrer les égos, comprendre la dynamique des trois autres membres du Team Project et donner le meilleur de soi.
Pour ce qui est du master, c'est une réelle opportunité d'être mis à niveau sur des sujets techniques très variés avec des intervenants de grande qualité. C'est également l'opportunité de constituer une "promo", un réseau et de rencontrer des personnes qui deviennent des amis par l'expérience partagée.
 
Au final, où en est votre projet ?
Après le cadrage de projet en début d'année, la mise en place d'une structure de gouvernance (qui nous sert aussi d'incubateur), la création d'un réseau d'expertise et une première levée de fonds en "love money", nous sommes maintenant pleinement impliqués dans la dynamique de R&D.
Trois groupes de travail ont été définis pour couvrir l'ensemble de la chaine de valeur : l'un a commencé début juin, l'autre va être mis en place début juillet et lancé fin août (il nécessite une coopération internationale entre le CNRS et l'Université de Konju en Corée) et enfin le troisième avec deux sujets abordés dans le cadre du parcours d'élèves en cursus d'agronomie qui est en cours de discussion avec cet organisme pour un démarrage en septembre prochain. 

Notre quotidien est occupé à la recherche de subventions avec la BPI (très prochainement) et aussi à préparer la mise en place d'un premier outil industriel (une fois certains points de R&D aboutis) avec une levée de fonds plus conséquente. Bien entendu, n'étant pas maîtres du temps pour ce qui est de la R&D, nous commençons à voir si d'autres Business Angels pourraient nous accompagner d'ici là.
Nous sommes entièrement absorbés par ce projet et très satisfaits des professionnels du réseau qui nous accompagnent et qui croient à la pertinence du sujet pour l'alimentation d'aujourd'hui et de demain.