Qu’est-ce que le RIF et quelles actions proposez-vous ? En quoi l’École Polytechnique vous a aidé à lancer le RIF ?
Le RIF est une association Apolitique né dans le cadre de l'Executive Master. Nous rassemblons des experts industriels dans 15 segments pour proposer un plan d'action concret sur la base de projets d'envergure nationale au gouvernement. Il s'agit d'initiatives personnelles qui ne dépendent pas de nos entreprises respectives. Nous avons regroupé les experts par métiers pour répondre à une question: "Quel est notre niveau de maîtrise des PIV (Productions/Produits d'Importance Vitale) et comment réduire le risque lié au degré de maîtrise de nos PIV ?"
Nous avons progressivement identifié des secteurs pour arriver au nombre de 15 (Eau, Agro, Énergie, Data, Construction...) et nous avons identifié 50 projets à réaliser en France pour réduire le risque sur nos PIV, pour réduire nos risques de manière directe et indirecte avec les effets collatéraux positifs attendus à travers le retour de fournisseurs locaux avec les compétences, les maîtrises techniques, les sources d'approvisionnements...
L'Executive Master rassemble des profils de tous les horizons. La variété des cours, le niveau des intervenants et l'impulsion qu'ils nous donnent, l'envie de "faire", mais aussi la variété des étudiants et les expériences qu'ils apportent en font un laboratoire à idées et une "potion magique" afin de trouver la force pour relever un tel challenge. Lorsque l'on y pense 2 ans après, seul, il eût été impossible d'aborder une telle montagne. Nous rassemblons aujourd'hui 150 intervenants dont une vingtaine d'experts de l'Executive Master venant de 3 promotions.
Où en êtes-vous aujourd’hui dans votre démarche ?
Revenons en 2020, nous avons tout d'abord rencontré d'anciens ministres (Économie, travail...), des responsables syndicaux, des chefs d'entreprises, etc. afin de mesurer l'appétence sur le sujet. Le retour était saisissant et extrêmement clair : il fallait le faire. En 2021, tout le monde a constaté l'importance que le sujet à prit (Covid, Ukraine, Canal de Panama...). Nous avons donc officiellement déposé les statuts du RIF début 2021 et nous avons passé un an à ne pas communiquer pour nous concentrer sur le fond : trouver les bons experts, identifier les segments et les projets, proposer des mesures afin d'accompagner la faisabilité de notre action. Nous avons dès le départ décidé de ne pas rassembler trop d'experts car nous partions du principe que les réunions avec beaucoup de personnes sont peu productives. Nous avons donc visé le nombre de 20 experts par segments pour atteindre un nombre total de 300 personnes.
Nous avons rencontré la majorité des candidats à l'élection présidentielle et le gouvernement à l'Élysée, ainsi que le ministère de l'industrie. Notre objectif est clair : apporter des solutions pragmatiques et concrètes. Sur la base de projets passant en partie par des commandes de l'État (pas de subvention) et à diriger vers des entreprises sur notre sol.
Comment situer le RIF dans l’écosystème des structures pro-industrielles ?
Le RIF est sur le sujet précis des PIV. Il existe de nombreuses autres associations qui réalisent un très beau travail et nous en connaissons un certain nombre. Nous sommes membre du CNR (Conseil National de la Réindustrialisation) et nous nouons des partenariats avec d'autres associations comme le GINUM (Groupement des industriels du Numérique: Thales, Orange, CapG...).
Le RIF n'intervient ni globalement sur les questions d'innovation (bien que certains projets que nous proposons soient purement dans ce sens), ni sur la simplification des créations et de la gestion des entreprises, ni sur les questions constitutionnelles et légales au niveau français (transmission des entreprises...) et Européen (certains projets du RIF sont à échelle européenne). Or, tous ces éléments sont importants pour être en capacité d'avoir une industrie compétitive en France.
Êtes-vous optimiste sur votre démarche et pourquoi ? Comment vous aider ?
Il y a des raisons d'être optimiste car nous constatons une prise de conscience à tous les niveaux. Nous avons été surpris de voir l'excellent accueil que nous ont réservé l'ensemble des personnes que nous avons rencontré. En effet, à tous les niveaux il y a une recherche de solutions car au-delà des discussions pour trouver des responsables à la question "pourquoi en sommes-nous là" : il faut avancer. En revanche, il existe encore de nombreux challenges : trouver les terrains, les budgets, former les personnes, prendre le temps d'établir une vision à long terme qui fasse sens : écologie, travail, PIV, rentabilité économique et sociétale. Nous pensons que l'état doit insuffler cette direction, cet état d'esprit qui doit rassembler les français autour de cette cause nationale pour que les entreprises soient félicitées, reconnues et choisies à travers des commandes. Nous sommes à la recherche d'experts dans nos 15 segments pour renouveler nos équipes et nous avons besoin de supports pour que le RIF trouve les relais nécessaires pour avancer davantage et plus fort : Gouvernement, Régions, Finance, Corporation/Associations...