Cet article entre dans la série "Women in science" qui montre les parcours d'étudiantes de l'École polytechnique.

Kayo a rejoint le programme Bachelor en 2017. Elle effectue actuellement un semestre d’échange à l’Université Nationale Chiao Tung à Taïwan. Elle a partagé avec nous son expérience au sein de l’École Polytechnique et a abordé le sujet de la place des femmes dans le milieu de la science.

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Pour quelles raisons avez-vous choisi l'École polytechnique ?
Je connaissais déjà la réputation incontestable de l’École Polytechnique comme étant la meilleure école d’ingénierie en France. Lorsque je participais à des compétitions de mathématiques plus jeune, je me souviens que j’étais entourée par des étudiants passionnés partageant les mêmes idées et qui m’apprenaient énormément. Je me suis dit que je trouverais cette même communauté de nouveau en étudiant sur un campus au côté des étudiants les plus brillants du pays. De plus, plusieurs scientifiques que j’admire sont d’anciens étudiants ou membres du corps professoral. Je savais donc que je recevrais une excellente formation au sein de l’École Polytechnique et que cela m’offrirait de formidables opportunités.

Quelles sont les raisons pour lesquelles vous avez choisi d’intégrer le programme Bachelor ?
Durant ma dernière année de lycée, je n’avais aucune idée de ce que je souhaitais faire par la suite. Mon professeur de physique m’a parlé du programme Bachelor de l’École Polytechnique. J’ai alors été immédiatement séduite par l’aspect pluridisciplinaire de la formation et l’accent porté sur les mathématiques afin d’étudier d’autres domaines scientifiques. Par ailleurs, même si j’ai toujours valorisé la rigueur dans la méthode d’apprentissage des mathématiques de haut niveau en France, je souhaitais poursuivre mes études dans un cadre international qui me permettrait à la fois d’ouvrir mon esprit et d’accéder à des opportunités dans le monde entier.

Pourriez-vous nous parler de votre échange à Taïwan ?
Je suis actuellement en échange au sein de l’Université Nationale Chiao Tung, un établissement à la pointe de la recherche à Taïwan.

J’ai décidé de venir étudier ici afin de continuer à pratiquer mon mandarin, que j’ai commencé à apprendre au lycée, et de vivre dans un pays étranger. Durant les heures de classe, je suis des cours avancés sur le Machine Learning, durant lesquels je m’amuse beaucoup et je participe à des projets fascinants. 

Par ailleurs, j’ai rejoint une association étudiante où j’ai rencontré des étudiants Taïwanais qui ont les mêmes intérêts que moi (tels que le piano et le bouddhisme) et où je peux en apprendre davantage sur la culture chinoise (comme la calligraphie, les arts martiaux et l’erhu, un instrument traditionnel chinois).

Durant les week-ends, j’aime faire des randonnées au cœur des magnifiques montagnes du pays.

Qu’en est-il de votre statut d’auto entrepreneur ?
Je suis devenue auto-entrepreneur à la fin de mon stage d’été cette année. Durant mon stage à Illuin Technology, j’ai commencé mes recherches sur le sujet du « unsupervised question answering ». Dans le système des questions-réponses, le modèle apprend à répondre à des questions données par l’utilisateur. Cette discipline requiert un grand nombre de données qui sont difficiles à obtenir. A la fin de mon stage, mes recherches ont produit de nombreux résultats encourageants qui ont même surpassé ceux de recherches existantes. Nous avons donc décidé avec mes responsables que je continuerai à travailler pour Illuin tant que je suis à Taïwan comme auto-entrepreneur jusqu’à ce que je termine mes recherches et que mon travail soit publié.

Nous parlons énormément des femmes actuellement, notamment sur leur place dans le monde du travail.

Selon vous, comment l’Ecole Polytechnique soutient la place des femmes dans le domaine de la science ?

Mon engagement au sein du Pôle Diversité et Réussite (PDR) est témoigne de la volonté de l’École Polytechnique pour inclure et soutenir la place des femmes dans le milieu scientifique. Le PDR permet de promouvoir la diversité et l’égalité des opportunités pour les personnes venant de milieux défavorisés, de personnes handicapées et l’égalité des sexes. Le PDR organise notamment des projets pour encourager les filles à étudier les sciences en classes préparatoires et à se présenter au concours des Grandes Écoles. Il permet également une sensibilisation concernant la sécurité des étudiantes sur le campus.

L’année dernière, j’ai participé à un groupe de travail afin de combattre le harcèlement sexuel, la discrimination et la violence (HDVS) à l’école. J’ai travaillé avec les membres du PDR, les militaires de l’École et des étudiants d’autres programmes pour identifier les comportements qui nuisent au confort et à la sécurité des étudiantes, pour trouver des solutions afin de prévenir les situations de danger et éduquer au mieux les étudiants. Je suis convaincue que la première étape pour soutenir les femmes dans le milieu scientifique est de lutter contre les stéréotypes en donnant aux jeunes filles la confiance de poursuivre leurs études dans la science et de s’assurer qu’elles seront dans un environnement de travail sûr et dans lequel elles seront respectées.

Avez-vous un modèle de femme dans le milieu scientifique ?
Lorsque j’étais enfant, Marie Curie était la seule femme scientifique que je connaissais mais son personnage a suffi à m’inspirer. J’adorais la petite connexion que j’avais avec elle, le fait que mon anniversaire soit 3 jours avant le sien, j’admirais sa persévérance contre la discrimination sexuelle à son époque. Je voulais être davantage comme elle, une scientifique et une femme forte. Elle m’a toujours rappelé que les femmes peuvent réussir dans le domaine de la science également – si elle a été capable de gagner deux Prix Nobel durant les 19ème-20ème siècles, alors ma féminité n’est pas un obstacle à mon succès dans la voie scientifique !

Selon vous, pour quelles raisons les femmes sont-elles moins représentées dans le secteur de la science ? Quels sont les principaux challenges auxquels elles doivent faire face ?
Je me souviens au collège, beaucoup de filles dans ma classe aimaient la science dans les mathématiques. Mais quand il a fallu choisir nos séries au lycée, peu d’entre elles ont sélectionné une voie scientifique. La plupart ont dit que leurs notes n’étaient pas suffisantes en science pour poursuivre dans ce domaine. J’ai également remarqué que de nombreux garçons n’ont, eux, pas hésité à choisir ce secteur et ont par la suite changé d’avis s’ils trouvaient que cela était trop difficile. Plus tard, j’ai lu que les filles ont un esprit « fixe » où l’intelligence est statique alors que les autres ont un esprit « en croissance » où l’intelligence se développe par le biais de challenges. Je pense que cela vient des stéréotypes qui nous entourent de manière quasi inconsciente depuis notre naissance. Notre environnement laisse constamment entendre que nous ne sommes pas faites pour la science. C’est la raison pour laquelle un petit obstacle suffit pour nous convaincre que nous ne sommes pas suffisamment intelligentes pour réussir dans ce domaine.
En développant les initiatives pour éliminer ces stéréotypes et en augmentant la visibilité des femmes qui jouent un rôle important dans le milieu scientifique, je suis convaincue que l’on peut donner aux filles la confiance dont elles ont besoin.

Un autre défi pour les femmes est celui de l’inégalité salariale. Ma mère était mathématicienne, je pense qu’elle a joué un rôle déterminant dans ma passion pour la science. Elle est très intelligente et passionnée par la science, mais elle a quitté son travail quand je suis née. Selon elle, c’était son devoir en tant que mère de prendre soin de moi, alors que mon père gagnait mieux sa vie qu’elle. La disparité salariale entre les deux sexes est toujours présente dans les professions scientifiques, tout comme la pression sociale subie par les femmes pour s’occuper des tâches ménagères et des enfants. Je pense que c’est un énorme facteur qui explique en partie la sous-représentation des femmes dans les carrières scientifiques.

Si Marie Curie a été capable de gagner deux Prix Nobel durant les 19ème-20ème siècles, alors ma féminité n’est pas un obstacle à mon succès dans la voie scientifique !

Kayo Yin | Étudiante Bachelor
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Cet article entre dans la série "Women in science" qui montre les parcours d'étudiantes de l'École polytechnique. A l’École polytechnique, nous souhaitons encourager les femmes à plus s’orienter vers des études et carrières scientifiques. Pour encourager et soutenir nos étudiantes les plus talentueuses, la Fondation de l’École polytechnique a créé la bourse « Women in Science ».

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